Biographie
Né en France en 1968, Julien Chatelin ancien membre de l’agence Rapho, et co-fondateur du magazine De l’air a collaboré avec de nombreux titres de la presse française et internationale, tout en développant des projets personnels. Il s’est intéressé plus particulièrement au sort des nations sans état, dont est extraite la série Lhassa, l’âme perdue du Tibet qui fut particulièrement remarquée et exposée en 2005 à la fondation Soros à New York. En 2008 il publie Israel Borderline aux éditions Images en Manœuvre ; une fresque en image de 160 pages sur la société israélienne. Dans une quête constante de nouvelles approches formelles, Julien Chatelin produit en 2011 Egyptorama, un road story dans les zones semi-désertique Egyptiennes, réalisé à la chambre, qui obtiendra le prix Camera Clara en 2013. Egyptorama, constitue le premier opus d’une série de travaux sur quatre continents qui traitent de la transformation cyclique de nos environnements ; projet qui obtiendra la même année une bourse de soutien du Centre National des Arts Plastiques.
Exif_JPEG_PICTURE Chine, Tibet Lhassa. Mai 2002. Deux jeunes tibŽtains passe dŽguisŽs sur une artre principale de Lhasa. Chine, Tibet Lhassa. Mai 2002. Deux jeunes tibŽtains passe dŽguisŽs sur une artre principale de Lhasa. Exif_JPEG_PICTURE
En mai 2002, je me rends au Tibet sans idée précise de ce que je vais y trouver ou y faire. De la frontière népalaise, il faut compter trois jours pour rejoindre la capitale, Lhassa. Trois jours durant lesquels s’enchaînent les paysages stupéfiants, les cols à 5000 mètres, les lacs de montagnes, le mont Everest. Trois jours au cours desquels on traverse des villages millénaires, où rien ne semble avoir changé. Trois jours pendant lesquels on croise des nomades, des bergers, des paysans que la modernité, l’occupation chinoise, semblent avoir épargnés.
Puis apparaissent le goudron, les voitures de luxe, les avenues sans fin, les immeubles de verre, les supermarchés, les salons de massage, les boutiques de mode, les cafés internet. On est à Lhassa, cité des dieux ! En dehors du petit quartier central du Barkhor, où se pressent les pèlerins et les touristes, à Lhassa le Tibet a disparu.
Une tension flotte au-dessus de la ville. Elle est palpable partout : entre les Tibétains et les migrants Han, entre l’armée et les pèlerins, entre la brique et le béton, entre une culture millénaire et la mondialisation.
Je sillonne la ville pendant 15 jours avec mon Leica, pour tenter de saisir sa dualité.
Les deux garçons tibétains sur la photo surgissent dans le champ de mon objectif sans crier gare. Ils traversent l’avenue puis disparaissent. Je ne sais ni pourquoi ils sont déguisés, ni où ils vont.
Julien Chatelin