Édito Alain Connan

J’ai fait le plus beau métier du monde, ai-je souvent dit. Je réitère. Où aurais-je pu ailleurs me tenir au centre d’océans à l’infini, baignés d’univers, lorsque je faisais mes quarts de nuit sur les passerelles de navigation des navires sur lesquels je naviguais.

J’y ai rêvé, écrit et peint dans ma tête de merveilleuses choses. La poésie y tint une place prépondérante parfois retranscrite sur le papier.

Ce fut ma richesse, celle qui me mena dans les curiosités de l’écriture, cette chose extraordinaire qui marque l’évolution de notre espèce, à travers les signes qui aboutirent à l’alphabet qui permit la communication, quel que soit son utilisation.

Quel bonheur fut pour moi dans mes déplacements planétaires de recevoir des courriers venus de ceux que j’aimais. Je les ai gardées ces missives dont je reconnaissais d’emblée la calligraphie et qui cahin caha me retrouvaient au hasard des ports oubliés.

Et puis la science a pris le pas sur tout cela en des échanges rapides et fugitifs dans une écriture dont l’ordonnancement n’a plus cours ni dans les canons de l’orthographe, ni dans ceux de la chanson des mots. Il n’en restera rien heureusement ou malheureusement. Alors où donc pourra subsister cette culture que je préfère appeler  curiosité ? Celle où les plus grands écrivains du passé ne sont plus les adversaires désignés pour gâcher le quotidien des écoliers ou des étudiants mais pour se situer en amis pour le partage des questions le plus souvent sans réponses.

Restent les livres pour ceux qui ont encore le goût de l’inconnu. Rentrer dans un livre n’est jamais simple. Qui se cache derrière les mots exprimés ? Seront-ils à la hauteur du lecteur ?

Mais quel bonheur de partager l’intimité de celui qui va vous livrer ce que vous attendez peut-être au fil des couvertures, des illustrations, des pages prises au hasard pour se les apprivoiser.

J’avais gardé tout cela pour moi jusqu’au jour où je reçu un appel téléphonique étonnant.

C’était une belle voix de femme qui se présentait comme la responsable d’une maison d’édition. Elle me demandait de participer à un ouvrage collectif ayant pour sujet la mer………

Il y a de cela plus de dix ans et c’est un bonheur sans égal de retrouver soudain en édition les propos émis après une recherche patiente de sujets restés dans un coin de la boite crânienne. La collaboration trouvée entre cette capitaine d’édition devenue plus proche sous le beau prénom d’Élise et moi-même se renouvelle d’année en année. Nous en sommes au dixième ouvrage et le plaisir rare et renouvelé en édition et imprimerie vient s’ajouter au registre littéraire.

Alain CONNAN

Alain CONNAN, commandant de la Marine Marchande

auteur en la maison d’édition L’Elocoquent

27 Novembre 2020

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