Billet d’humeur

CECI N’EST PAS UN CONTE

Du plus loin que je me souvienne, il me semble que j’ai commencé par le Petit Poucet. Ce ne sont pas tant les personnages de l’ogre et du héros qui m’avaient marqué, mais plutôt le passage des petits cailloux, ces fameux cailloux qui lui permettent de retrouver son chemin ! Était-ce le préambule au chemin tout tracé d’une vie et de l’idée que l’on s’en fait, celle de ne pas se perdre en chemin ? J’ai eu la chance de trouver les miens, je parle des cailloux. Je les ai toujours dans ma poche, ou plutôt dans ma tête. J’en ai vingt-six, pas un de plus, pas un de moins. Il m’arrive souvent de les dessiner sur une feuille de papier, tout un alphabet pour me raconter des histoires et avec eux je visite les bouts du monde aux éditions de l’Elocoquent. Par expérience, le chemin n’est jamais tracé et comme vous tous, il m’a fallu raturer, gommer, sécher, déchirer et quelquefois me perdre. Mais grâce à mes cailloux, j’ai pu retrouver mon chemin, jusqu’à devenir avec le temps celui que j’ai toujours voulu être : un gribouilleur du quotidien.

L’écriture a cet avantage de provoquer des rencontres. Que ce soit en tant que journaliste au magazine Elle, d’autres titres, ou tout dernièrement chez mon éditeur. Mon éditrice a souhaité après « Les cavaliers des bouts du monde », me faire prendre « la rue » pour le dernier opus de sa thématique « Dans les rues des bouts du monde ».

Merci Elise, LA RUE est une idée lumineuse. C’est dans la rue que se joue l’actualité, où l’information nous bouscule dans un monde amplifié par les réseaux sociaux télescopés par le manque de réflexion. Où le laid et le beau jouent à un-deux-trois-soleil. Un soleil qui ne cesse de perdre sa chaleur. Dans les rues où le monde surfe de crise en crise, financière ou sanitaire, laissant hommes, femmes et familles exsangues sur le bas-côté. A notre chevet, L’État se veut Providence, mais tant de défaillances depuis des décennies… Au pays des Lumières, la confiance est aveugle ! Crise après crise, les errances d’un modèle économique dans un capitalisme sauvage ont entraîné les fractures d’une société commune. Internet et la télé-réalité nous offrent une culture de masse dans un slogan qui se conjugue au « JE ».

Nous sommes ballottés entre indignation et émotion, là où d’autres le sont par ambition. Une paupérisation qui se révèle dommageable à tous les étages. Notre langue et notre culture – tout ce qui fait notre histoire – dans ses fondements sont ébranlées.

Aujourd’hui et plus encore demain, nous aurons besoin de nous rencontrer dans les rues, d’échanger des regards, de nous soutenir les uns les autres. Le chemin est accidenté, tortueux et dangereux. Mais n’avons-nous pas en chacun de nous nos propres cailloux qui nous portent, nous font nous dépasser et retrouver notre chemin ? Ceci n’est pas un conte.

Jean Francis Vinolo

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